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 Sujet du message: Noochronique du marathon des mots 2012
UNREAD_POSTPosté: Mar Juin 12, 2012 3:50 am 
NooFondateur
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Inscription: Mar Jan 09, 2007 3:21 am
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Mon avatar biologique tenant une Nootablette (livre électronique en réalité augmentée), dans un système de transport matériel se dirigeant à grande vitesse vers Bruxelles...
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L'organisation du prestigieux festival du Marathon des Mots, m'a réservé une chambre dans le célèbre Hotel Métropole au centre de Bruxelles. Je suis donc logé dans la mère de la cité (mêtê = mère et polis = cité). Ça me donne un petit air de cyberpunk de luxe qui me plait bien...
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La très charmante "accueil" du festival, dans le luxueux hall de cette "matrice urbaine", qui, je l'apprends, était une ancienne banque avant de devenir un hôtel... je sens que, la mère, l'argent et l'hotellerie, ont un lien implicite pertinent à explorer...
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Première chose en arrivant dans la chambre : mettre les batteries de mes extensions symbiotiques en charge.
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Seconde chose a faire : Savourer un instant d'immersion maternelle métaphorique dans cette superbe baignoire vulvaire, prolongement inévitable de la "matrice urbaine".
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Après le bain vulvaire : Mettre en charge mon Ipod et construire les applications Unity 3D pour les espaces virtuels du noomuseum
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L'entrée de la "Maison du Spectacle" de la Bellone où je larguerai les amarres de mon nooscaphe muséographique samedi soir à 22h. Le bain vulvaire m'a noocontaminé, et il me semble discerner la aussi, la métaphore vaginale d'un arche roman face à l'érection sombre d'un parasol...
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Le vaisseau noosphérique de la Bellone est une merveille architecturale. Ça promet d'être une des plus belles croisière du NooMuseum.
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Avec l'aide des noomatelots de La Bellone j'ajuste les écrans de noonavigation pour la croisière de demain. Des découpes asservies illumineront le pont, et je rêve un instant de voir le dirigeable de Blade Runner survoler la grande verrière, en balayant la salle de ses faisceaux éblouissants.
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Retour à l'hotel, où j'injecte les noogaleries en réalité augmentée dans les 5 Ipads (Nootablettes), via Unity et Xcode. Tout se passe bien, c'est curieusement fluide, pas de galère.
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Les 5 Ipads que j'ai gardé dans leurs blisters pour les protéger, on dirait des accessoires médicaux, ou chimiques...
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La métaphore est pertinente, j'injecte les programmes de réalité virtuelle dans les Ipad.. comme on ferait une transfusion... noosphérique ?
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Le lendemain, après quelques heures de sommeil, Je range soigneusement les 5 Ipads dans leur valise équipée d'un cadenas.
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Avec cette mallette cadenassée, j'ai des allures de transporteur de fonds noosphériques. Le portier de l'Hôtel m'observe d'ailleurs avec un petit air suspicieux.
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J'aurai du apporter une paire de menotte, histoire de parfaire l'effet polar...
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Au Centro Galego de Bruxelas, Je sors les Ipads (NooTablettes) de leur malette. Les Ipads permettront d'ouvrir des fenêtres de réalité augmentée, donnant sur les noogaleries dédiées au texte du "Noonaute" édité par Traverses Livre Voyageur
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Présentation des 5 Nootablettes à Cyril Thomas. Les Nootablettes sont des livres numériques en réalité augmentée 3d temps réel, affichant le texte et les paroles de mon autofiction "Le noonaute" parue dans le recueil de nouvelles édité par Karen Guillorel : Traverses Livre Voyageur.

Le film est ici :
http://www.noomuseum.net/mov/Marathon-N ... 64-768.mov
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Jeux de mains?
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Tels des fantômes informationnels, métaphores d'une éventuelle post-singularité, les créatures mythiques se propagent et se multiplient derrière la fragile membrane qui sépare la biosphère de la noosphère...
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Sthéno, la gorgone de la perversion sociale... une des entités qui hantent la noosphère depuis des millénaires, révélée par la magie informatique des nootablettes.
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"L'androgyne de Vitruve" spéculé, étendant ses bras dans l'impermanence futuriste des mondes persistants...
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Mise en abîme de labyrinthes immatériels se propageant entre d'antiques miroirs de verre et les futurs miroirs électroniques...
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L'espace est devenu textuel, à moins que ce ne soit le contraire...
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Noobob, le NooMarathonien des mots, que j'ai créé pour l'occasion et qui n'en fait un peu qu'à sa tête.
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L'anomalie virtuelle du monde "Des Récifs" révélée par le dispositif de navigation du NooMuseum.
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NooBob, en devenant l'avatar noosphérique du visiteur, telle une marionnette de pixels, il permet d'explorer la persistance impermanente du réseau de galeries du noomuseum dédiées à l'histoire de notre cyberculture.

Pour le plaisir des passagers qui ce soir la ont embarqué pour la noocroisière, et grâce à un Ipad transformé en barre de timonerie, je pilote dans les méandres du cyberespace le magnifique nooscaphe de la Bellone servi par ses deux NooMatelot Damiens et Olivier.
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Nous avons abordé les rives anciennes des nooterritoires d'Alexandre Dumas, de Théophile Gautier, de l'Illiade et de Velasquez... un grand merci à tous, pour ce merveilleux instant de grace qui n'aurait pas pu exister sans votre présence, et votre aide...
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Instant de repos sur le ponton, après le retour au noodébarcadère, en attendant le prochain départ...

Thomas Cyril, Milady Renoir, Karen Guillorel et Octavie Piéron.
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Juste après l'escale du NooMuséum, Chloé Delaume performe son magnifique texte : "Une femme avec personne dedans"
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Dimanche Après midi, j'ai l'immense plaisir avant de prendre le train pour rentrer à Paris de pouvoir écouter Dominique Pinon lire les Racontards Arctiques http://www.lemarathondesmots.be/fr/prog ... tarts.html
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La carte n'est pas le territoire. Démonstration par Milady Renoir dans l'entrée de l'hotel Métropole, juste avant mon départ – avec Milady Renoir.
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Le marathon ineffable.

Bruxelles, Gare du Midi, 20h50, je viens de quitter Milady et le festival du Marathon des Mots, et je fais la queue au guichet de renseignements pour m'assurer que mon train pour Paris part bien de la voie six.

Devant moi, une femme d'environ quarante ans, habillée d'une robe bleue sombre à rayures clairs, traînant une valise à roulettes parle avec l'homme de l'accueil. Celui ci a l'air désemparé, et je l'entends s'exclamer derrière son micro : " Je parle quatre langues madame, mais je ne parle pas la votre, je suis désolé".

La femme persiste à essayer de se faire comprendre dans une langue inconnue. Le "Guichetier Renseignements" reste courtois, mais prend une expression d'animal aux abois. Il répète de nouveau : " je parle quatre langues madame mais pas la votre, je suis désolé… "
Il me regarde à travers la vitre, comme quêtant de l'aide.
La femme se tourne aussitôt vers moi égrenant d'un air las sa litanie incompréhensible dans laquelle je capte malgré tout les mots "Russia", "Da" et "Niet".
-"Elle est Russe, elle parle russe". Je m'exclame.
L'homme de l'accueil mime un avion, et me dit :
-"il faut qu'elle aille a l'aéroport, et qu'elle prenne un avion". Me voila investi du rôle de guider cette inconnue, mais la proposition du Guichetier Renseignements me paraît inadéquate : si cette dame est dans une gare c'est bien parce qu'elle veut prendre le train, je ne vois pas ce qui lui fait penser qu'elle veut prendre un avion. Je me souviens de mon séjour en Inde avec Karen à Auroville, et comment nous nous sommes retrouvés désemparés face à des guichetiers avec qui il était impossible de communiquer lorsque nous avons voulu descendre le Tamil Nadu en train.

Je m'adresse de nouveau au "Guichetier Renseignements" en lui demandant s'il ne peut pas faire un appel dans la gare pour demander si quelqu'un parlant russe pourrait l'assister. Mais il choisit de plutôt prendre son téléphone pour communiquer avec ses collègues. La queue s'allonge derrière nous.
Après avoir raccroché il me dit :
- "il faut aller plus loin, il y a une dame qui parle un peu le russe."
Comme il est confus dans ses formulations, je demande : où dois-je aller ?
Il finit par préciser :
-" Guichet 4, deux portes plus loin sur la droite."
Je fais signe à la "Dame à la Valise" de me suivre. Elle m'accompagne mais s'arrête un instant auprès d'une personne en uniforme de porteur, de portier d'hôtel, ou d'employé de wagon lit, qui attendait appuyé contre un mur. Celui-ci lui fait signe qu'elle peut me suivre, et s'en va.
Nous marchons une dizaine de mètres et j'entre dans le premier hall ouvert sur notre droite.
Une foule attend devant les deux seuls guichets actifs. Je m'approche de la vitre du quatre et je fais signe à la dame qui se tient derrière. Mais celle-ci refuse de me répondre en m'indiquant de faire la queue. Il y a tellement de monde que si on fait la queue, je vais rater mon train.
Je vois une personne derrière le troisième guichet fermé. Je l'interpelle en lui expliquant qu'on vient de m'indiquer qu'une personne parlait peut-être le russe parmi les guichetiers...

Irritée la Guichetière Quatre se lève pour nous rejoindre et brandit contre la vitre un morceau de papier avec écrit AEROFLOT en alphabet cyrillique et que la "Dame à la Valise" contemple avec incompréhension. Le Guichetier Renseignements a persisté à vouloir renvoyer la dame en Russie par avion, et a demandé à la Guichetière Quatre d'écrire Aeroflot en russe sur un papier. La Guichetière Quatre retourne à son poste sans plus un mot d'explication visiblement irritée, fatiguée et débordée.

J'interpelle la foule présente :
-"Excusez-moi, est ce que quelqu'un parle russe? "

J'ai une voix qui peut porter loin et avec autorité. Je sens la foule frémir. Je répète en prenant une voix forte, mais posée et rassurante :
-"Excusez-Moi, Est ce qu'il y aurait quelqu'un ici qui parle le Russe ?"

Gestes et expressions de dénégation. Des touristes anglais demandent de quoi il est question? Quelqu'un leur traduit.
Je remercie et je sors dans le couloir où j'avise une dizaine de voyageurs qui attendent.

- " Bonsoir, excusez moi, est-ce que quelqu'un parmi vous parle Russe? Does anybody speak Russian ?"

Dénégations. Nous retournons dans la direction de la voie six, car je ne veux pas trop m'éloigner de mon quai de départ.
Le Guichetier Renseignements est occupé, j'avise un nouveau groupe de personnes assises, et je les apostrophe.

- "Est-ce que quelqu'un parle russe ? does… "

Dénégations.

Notre petit marathon nous entraîne jusqu'à la terrasse du café snack à l'intérieur de la gare, où J'interpelle de nouveau la foule de convives qui occupent toutes les tables.

Dénégations.

Hélas mon train va partir dans cinq minutes, et je n'ai pas réussi à trouver de traducteur pour aider la Dame à la Valise.

Je lui fais signe que je dois rejoindre mon train. Elle me sourit, avec un petit air fataliste. Je l'abandonne pour rejoindre les quais, avec une sensation dépressive de totale impuissance.
Il y avait là comme un signe surréaliste, une sorte de conte moral relativiste étrangement pertinent : je quittais un festival dédié à la parole et aux mots, où j'avais passé deux jours merveilleux à partager et explorer un très haut niveau d'échange informationnel relatif au langage écrit et parlé, pour me retrouver confronté à une situation d'incommunicabilité totale, à la fois à un niveau individuel, mais aussi social et institutionnel.

Si vous croisez une dame brune d'une quarantaine d'année traînant une valise à roulette, vêtue d'une robe bleu sombre à rayures verticales bleu clair, errant désemparée et fataliste dans la gare du Midi à Bruxelles, et que vous parlez russe, peut-être pouvez-vous lui être utile.


(merci à Annie Pilloy pour les corrections)


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 Sujet du message: Re: Noochronique du marathon des mots 2012
UNREAD_POSTPosté: Dim Juil 22, 2012 7:33 pm 
NooActif
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Inscription: Lun Fév 26, 2007 7:37 pm
Messages: 144
Localisation: Reuilly-Sauvigny
Merci pour cette superbe chronique Yann.

Et la prochaine fois que tu as besoin d'un interprète russe fait-moi signe.
Tu as un bon ami qui parle po ruski comme sa langue maternelle. Da, da. :wink:

Edouard dit Edik en russe

_________________
"La frivolité n'est point mon vice".
Marquis de Sade in Juliette


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