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Simondon et la magie originelle
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Auteur:  Caliban [ Jeu Oct 15, 2009 12:42 pm ]
Sujet du message:  Simondon et la magie originelle

yann.minh a écrit:
je suis certain que tu vas pouvoir m'expliquer cette notion de " charge
de magie originelle" que je trouve passionnante par ce qu'elle semble
induire... et tu va peut-être ainsi me réconcilier avec sa prose...


Pas le temps de m'étendre sur l'instant — je me contente de recopier un
passage qui me semble assez caractéristique, et pas si éloigné de ta réflexion :

Gilbert Simondon a écrit:
Plus une pensée devient sociale, collective, plus elle sert de moyen de
participation des individus au groupe, plus, aussi, cette pensée se particularise,
se charge d’éléments historiques et devient stéréotypée ; c’est alors une
seconde fonction du jugement esthétique que de préparer la communication
entre les groupes sociaux qui représentent la spécialisation des différents
types de pensée. Nous avons jusqu’ici présenté les différentes modalités
comme si le sujet humain était individu et non collectivité ; [en réalité,
il y a] des techniciens et des prêtres, il y a des savants et des hommes
d’action : la charge de magie originelle qui permet à ces hommes d’avoir
quelque chose en commun et de trouver une manière d’échanger leurs
idées réside dans l’intention esthétique.
(Du mode d’existence des objets techniques, 1958)

Auteur:  yann.minh [ Jeu Oct 15, 2009 3:42 pm ]
Sujet du message: 

Gilbert Simondon a écrit:
Plus une pensée devient sociale, collective, plus elle sert de moyen de
participation des individus au groupe, plus, aussi, cette pensée se particularise,
se charge d’éléments historiques et devient stéréotypée ; c’est alors une
seconde fonction du jugement esthétique que de préparer la communication
entre les groupes sociaux qui représentent la spécialisation des différents
types de pensée. Nous avons jusqu’ici présenté les différentes modalités
comme si le sujet humain était individu et non collectivité ; [en réalité,
il y a] des techniciens et des prêtres, il y a des savants et des hommes
d’action : la charge de magie originelle qui permet à ces hommes d’avoir
quelque chose en commun et de trouver une manière d’échanger leurs
idées réside dans l’intention esthétique.
(Du mode d’existence des objets techniques, 1958)


merci

excellente citation...

Et effectivement j'adhère totalement à son propos si derrière le mot "esthétique" nous mettons la même signification ... en gros, cette citation conforte ma réflexion sur "la réponse aux media". http://www.yannminh.org/french/TxtArguments070.html
elle se situe très exactement dans ce premier niveau de quête existentielle que j'appelle "la première réponse aux media", par la "consommation".

L'Art est à la fois un outil cognitif, mais aussi un vecteur de construction identitaire fondamental dans les grands pays industrialisés. L'esthétique (qui est un des sous ensemble de l'art) est effectivement pour moi comme pour la plupart des professionnels de la "communication" un vecteur de construction existentielle puissant (ou "d'individuation" pour utiliser cette terminologie universitaire ésotérique).

L'esthétique étant un niveau informationnel complexe et "artistique" ajouté/associé aux objets, outils, constructions, technologies.
C'est un phénomène social connu, exploité et enseigné depuis longtemps par la publicité, le design, l'architecture, la production audiovisuelle, le cinéma etc... (car source importante de revenus).

Les grandes écoles d'art appliqué, dans le design, la pub, le mobilier, le stylisme, depuis au moins le Bauhaus, enseignent le fait que les objets sont "communiquants" et véhiculent un niveau informationnel à vocation identitaire en plus de leurs fonctions "pratiques".

Ainsi en publicité on peut discerner 4 couches informationnelles empilées prépondérantes.

1 - le produit
2- L'identification sociale (qui, quelle couche socio pro utilise ce produit)
3- L'identification esthétique (la forme artistique du message discrimine la cible visée )
4- les métaphores cachées ou informations subliminales annexes.

par contre, rien dans cette citation ne me donne de piste sur ce qu'il entend par "charge de magie originelle"... autre qu'une référence à notre relation pré moderne aux "objets"... (1)
je vais donc relire Simondon un peu plus sérieusement que vite fait en diagonal... :-)

(1) vi... la dimension "magique", voir "animiste" aux objets existe toujours de mon point de vue, qui est peut-être aussi celui de Simondon .. une part de la "possession" que les technologies, les outils ou autres artefacts humains peuvent exercer sur notre psyché est en partie décrite de façon "rationnelle" par Mc Luhan avec son concept de Narcose Narcissique.
http://www.yannminh.org/french/TxtArguments120.html

Je décris le pouvoir "magique" d'une caméra par exemple dans ce petit texte écrit il y a 20 ans, sur mon site et qui illustre le pouvoir "magique" du cocktail Sexe/technologies :
http://www.yannminh.org/french/TxtBio007StckShts.html


Image
STOCK-SHOTS
http://www.yannminh.org/french/Ct-StockShots.html
<EMBED SRC="http://www.yannminh.org/ShortFilms/StockShots.mov" HEIGHT="432" WIDTH="528" SCALE="tofit" BGCOLOR="#000000" AUTOPLAY="false" NAME="Stock-Shots" PLUGINSPAGE="http://www.apple.com/quicktime/download/" TYPE="video/quicktime"><NOEMBED><A HREF="http://www.yannminh.org//ShortFilms/StockShots.mov">Play Movie</A></NOEMBED>

La noirceur, des démons tapis dans l'antre de mon crâne.
La solitude et l'ennui bercent mon rêve éveillé.
La victime du pendule espère la délivrance, les oiseaux se sont tus.
Dans l'ombre de la cité rouillée le désert de mon désespoir ronge les oasis de lumière.
L'ange pervers de la déraison étreint mon coeur et je te dévore, doucement, savoureusement.


Le plaisir est un ouragan qui nous a emportés dans les abîmes.
Le temps a passé, il ne me reste plus que des inscriptions magnétiques éphémères.

Je pourrai choisir de raconter l'histoire ainsi. Elle conduit et je regarde la nuit de l'asphalte s'engouffrer sous les roues... Vue des réverbères de la ville qui défilent dans le regard de notre victime consentante allongée sur le siège arrière.
Les raies de lumière blafardes glissent sur sa peau blanche.
Les faisceaux découpent sa chair au rythme des bandes jaunes aspirées par le moteur.
Le vent repousse par intermittence une mèche rebelle sur ses grands yeux bleus. Elle semble rêver, le regard fixé sur un horizon au-delà des étoiles.

Puissant comme un sorcier vaudou révélant à sa tribu une statuette maléfique, j'extirpe la caméra de sa valise de protection.

C'est un objet très cher, lourd inaccessible et rare, bien plus terrible par son pouvoir sur moi, que les statuettes africaines. Même à ce moment, éteinte entre mes bras, je suis fasciné par les énergies qu'elle représente. Il ne tient qu'à moi, apprenti sorcier moderne, de savoir les libérer.

Le lourd cylindre métallique de l'objectif repose au creux de ma main gauche. J'actionne machinalement la rotation fluide et lente du zoom, qui me résiste dans une inertie sensuelle. Ma main droite glisse sur les aspérités arrondies de la carlingue polie par l'usage. Les chocs ont écaillé la peinture sur les angles, révélant le métal luisant.

C'est un objet puissant que j'investis d'un animisme pervers qui me submerge de sa magie. Ce soir, nous allons nous abandonner aux rituels conjugués de la chair et de l'image.

Elle conduit avec sa précision habituelle, les yeux rivés sur le puits d'ombre entre les phares.
Le vent effleure sa peau, s'immisce entre ses cuisses entrouvertes, attirant la caresse d'une main entre ses jambes.
La voiture s'enfonce au ralenti dans le bleu de la nuit.

La beauté de ces instants partagés s'estompe, emportée par le temps. Seules subsistent, quelques empreintes évanescentes, issues de la mémoire électronique du magnétoscope.
Parcelles de vie momifiées, engrangées dans les tiroirs, réminiscences fugaces de ce passé révolu dont il ne restera que des images étrangères, sans odeurs, sans émotions.
Vrais souvenirs de mise en scène, ou mise en scène de faux souvenirs. Instants figés d'un passé lointain où je jouais avec elles aux jeux pervers de l'amour. Gouffre noir, où je me suis abandonné, pour oublier combien vivre peut être une souffrance :"Vivre maintenant, car demain je serais mort."
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Yann NooMagicien...

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