On vient de m'apprendre la très triste nouvelle de la mort d'un vieux compagnon de route noonautique. Jean Jacques Killian (JJK), qui était aussi membre de la noocrypte.
http://www.krystal-art.net/
Nous nous étions rencontré il y a 30 ans dans cette académie qui forme de futurs noonautes, l'ENS des arts décoratifs. Et nous partagions depuis cette époque la complicité de ceux qui, bien que très différents dans nos identités et créations, naviguent vers les mêmes nooconfins.
Après plusieurs années de nooexplorations solitaires, nos chemins s'étaient de nouveau croisés, et nous nous étions retrouvés régulièrement à faire escale dans les mêmes ports d'attache, comme ces fameuses expositions Visions Du Futur où certains d'entre nous se sont retrouvés ou découverts.
http://www.yannminh.com/Visions2002Web/index.htm
Ces rencontres au travers des expositions et festivals de Science-fiction ont été émouvantes et importantes, car après de longues années à cheminer en solitaire, ces expositions collectives ont permise à nombre d'entre nous de se trouver des affinités et complicités dans nos quêtes existentielles respectives.
Nous ne nous sentions plus seuls à ouvrir des sentiers dans la brume de ces nooconfins inexplorés, et Jean-Jacques et moi, comme quelques autres parmi ceux qui me lisent aujourd'hui, avons savouré ce plaisir enivrant et rassurant de noonaviguer de conserve, la proue de nos nooscaphes pointant vers les mêmes nooclartés.
Hélas, la voie du noonaute est une voie dangereuse. Le décès de Jean Jacques me rappelle très douloureusement comme ces territoires informationnels que nous explorons et qui nous attirent sont redoutables, car ce sont nos vies que nous avons mise en jeu.
Depuis 35 ans que j'arpente les infinies contrées du cosmos informationnel, la mort de JJK vient s'ajouter à une trop longue et douloureuse liste de disparitions de noocompagnons.
Cela faisait plusieurs mois que Jean-Jacques avançait en noonavigateur solitaire, et il a manqué de ce réconfort existentiel nécessaire à tout noonaute pour pouvoir survivre, que sont les expositions, parutions, festivals.
Il n'a pas rencontré ces escales essentielles qui permettent de s'avitailler en noocarburant pour pouvoir poursuivre la noonavigation.
Pour moi Jean Jacques a succombé à ce dangereux fléau qui guette tous les artistes et auquel il est si difficile d'échapper : la solitude noosphérique, et sa mort renvoie inévitablement à ces moments de grande détresse que nous affrontons régulièrement dans notre quête existentielle artistique.
Adieu Jean-Jacques. Je vois ta silhouette joviale aux commandes de ton train fantôme filant de conserve avec mon nooscaphe dans la nuit informationnelle.
Tu me manqueras.
